En Iran, Tarlan, professeur de danse à la retraite, est témoin d’un meurtre commis par une personnalité influente du gouvernement. Elle le signale à la police qui refuse d’enquêter. Elle doit alors choisir entre céder aux pressions politiques ou risquer sa réputation et ses ressources pour obtenir justice.
Entretien avec Neder Saeivar :
Quelle a été votre inspiration pour La Femme Qui En Savait Trop ?
Cette histoire concrète est une fiction, mais il y a de nombreux parallèles dans la société iranienne. Par exemple, il y a quelques années, le maire de Téhéran, M. Najafi, a divorcé de sa femme et épousé une jeune fille. Puis, après un certain temps, cette jeune fille a été retrouvée avec cinq balles dans le corps. Lorsque la police est arrivée pour arrêter le maire,elle a trouvé une lexus, une Rolls Royce et d’autres voitures de luxe. Le maire n’a été emprisonné que quatre mois.La famille du maire et les autorités iranienne ont réussi à convaincre la famille de la jeune fille de parler devant la caméra et de dire qu’ils étaient heureux et que tout allait bien, afin de blanchir l’honneur du maire.
J’ai réalisé ce film de manière clandestine et j’ai quitté le pays il y a presque un an.
L’actrice principale du film a subi des pressions, elle est constamment convoquée pour des interrogatoires par les services secrets, de plus, il y a quelques moi, quelqu’un a volé son téléphone juste devant le bâtiment des services secrets.
La Femme Qui En Savait Trop, une nouvelle bombe du cinéma iranien, un scénario solide qui place la femme iranienne au centre de son histoire, combattante, déterminée, debout malgré le poids des pressions sur ses épaules fragiles.
Trois générations de femmes se trouvent au centre d’une histoire qui comme très souvent en Iran, n’avantage pas la statue de la femme. Elles doivent se battre constamment pour obtenir de l’aide, tandis que les hommes sur le simple fait d’être un père, mari ou frère peuvent obtenir sans aucune justification toutes les aides souhaitées.
Dans notre film Maryam Boubani (Tarlan) une héroïne iconique est une très grande actrice en Iran très respectée pour son talen, son génie, son charisme et son amour du cinéma iranien et sa culture. Comme beaucoup de figure du cinéma iranien, elle avait la possibilité de vivre une carrière à l’international en toute liberté, mais son amour et son attachement à sa terre natale ont eu raison d’elle avec comme slogan Rester c’est Résister !
Quand elle arrive dans une pièce, sans dire un mot, uniquement par son aura la magie opère, elle attire la sympathie du public qui depuis toujours n’ont jamais cessé de la porter aussi haut que les étoiles de la scène iranienne.
Ici, elle découvre un secret qui la tourmente, mais pour se faire entendre, elle doit faire des choix stratégiques pour éviter au maximum les risques, pour elle et pour sa petite fille Ghazal Shojaei ( Ghazal).
Le poids insupportable du patriarcat, les traditions, les pressions…, les deux femmes doivent tout surmonter ensemble pour connaître la vérité, mais à quel prix ?
Ce que ce bijou du cinéma iranien dénonce sont les difficultés imposées volontairement à la Femme iranienne. Via une fiction à la frontière de la réalité, la complicité du régime sonne comme une évidence.
Sans un retour en arrière, coûte que coûte, le combat ne doit jamais s’arrêter, la nouvelle génération souffre des erreurs du passé, la même jeunesse qui aujourd’hui se lève et se retrouve au premier rang de la résistance.
La mise en scène chirurgicale de cett œuvre magnifiquement engagée prouve une fois de plus la volonté des cinéastes iraniens de faire découvrir au monde tout l’amour et le respect que la société cinématographique iranienne porte à la révolutionnaire Femme Vie Liberté, symbole même d’un très long voyage tant rêvé, menant de là noirceur de la répression à la lumière.
« Lorsque le mouvement Femme Vie Liberté a commencé, personne ne savait ce qui allait se passer. Cela a surgie de manière inattendue, et beaucoup de gens pensaient que c’etait juste un petit mouvement de protestation, mais ce mouvement est devenu immense, et tout le monde suivait cela sur les réseaux sociaux. Nous, hommes et cinéastes, avons ressenti un besoin de contribuer, car il était difficile de rester la, à boire notre thé en observant les manifestations et en voyant d’autres personnes se faire tirer dessus ou maltraitées par la police»
Nader Saeivar Réalisateur
Un film d’une très grande générosité dans sa volonté de valoriser un très long combat pour une liberté de vivre, l’attachement au personnage de est quasi immédiat, nous ne pouvons qu’être révoltés par cette femme qui cesse de se taire, sa quête de vérité mérite totalement votre intérêt et vous touche en plein cœur. La beauté sidérante de la mise en scène contraste parfaitement avec la violence du propos.
Informations Pratiques :
Titre : Nader Saeivar et Jafar Panahi
Avec : Maryam Boubani, Nader Naderpour, Ghazal Shojaei
Genre : Drame
Durée : 1h40
Distributeur : Jour2fête
Date de sortie au cinéma : 27 août 2025
Mitra Etemad