La genèse de l’album “ Nebraska ” au début des années 80, période au cours de laquelle le jeune musicien, sur le point d’accéder à une notoriété mondiale, lutte pour concilier les pressions du succès et les fantômes de son passé. Enregistré sur un magnétophone quatre pistes dans la chambre même de Bruce Springsteen dans le New-Jesey, « Nebraska » est un disque acoustique incontournable aussi brut qu’habité, peuplé d’âmes perdues à la recherche d’une raison de croire.
Notes de production
Automne 1981. À 31 ans, Bruce Springsteen vient d’achever une tournée triomphale pour son tout dernier album intitulé « The River. » Bien entendu, les responsables de Columbia Records ont hâte de le voir retourner en studio pour enregistrer de nouveaux tubes. Mais ce n’est pas du tout dans les intentions de l’artiste. Anxieux et au bout du rouleau, il a besoin de la présence réconfortante de ses vieux amis et aspire à se retrouver au bord de la mer, dans ce coin du New Jersey qu’il connaît si bien. Il se réfugie ainsi dans une petite maison tranquille de Colts Neck, un hameau proche de sa ville natale de Freehold ( également dans le New Jersey ) pour se reposer et se ressourcer.
Le film Springsteen : Deliver Me From Nowhere, plonge le spectateur de la fin des années 1981 à 1982, l’une des pires époque que l’artiste traverse seul, en proie aux fantômes de son passé et à une dépression qu’il n’etait pas encore prêt à affronter, Bruce Springsteen explore les méandres les plus tragiques et les plus douloureux de la condition humaine.
Le réalisateur Scott Cooper, filme un homme qui n’arrive pas à se détacher de ses douleurs du passé, les cicatrices s’aignent et ne cicatrisent pas, tant qu’il n’a pas réussi à surpasser le poids énorme de son enfance.
Le film commence par l’enfance terrifiante de l’artiste, pour marquer les limites entre le passé et le présent, le cinéaste fait le choix ingénieux du noir et blanc, et cela fonctionne parfaitement.
Springsteen est un petit garçon, qui assiste à la violence de son père alcoolique, piégé entre l’amour qu’il porte à ses parents et le conflit de loyauté, son enfance lui est volé très tôt et la musique lui a sauvé la vie.
Il consomme la musique sans modération, une thérapie qui lentement le sort de sa dépression, mais sa fragilité le rattrape a chaque fois et le replonge dans un état de hypnose protecteur, mais il ne renonce jamais et tente encore et encore de s’en sortir…
Ses albums sont les fruits de ses état d’âme, des montagnes russes émotionnellement bouleversantes qui trouvent ses sources dans les vieux démons de son enfance. La sincérité de son amour de la musique, la générosité des textes, la perfection de sa musique, avec bien sûr, sa voix envoûtante et son génie rare sont bien les clés de son immense succès mondial.
Dans le rôle de l’artiste, nous trouvons le grand et charismatique Jeremy Allen White, magistral, magnétique, sensationnel dans la peau de son personnage, durant deux heures, il vibre sur la musique de Springsteen, il nous offre une performance remarquable largement à la hauteur de l’un des plus grands artistes de tous les temps. Avec à ses côtés, l’immense Jeremy Strong dans le rôle de Jon Landau manager de l’artiste. Sans oublier Stephen Graham dans le rôle du père.
L’album Nebraska ait profondément inspiré Scott Cooper pendant des années, il écoutait l’album en boucle à l’epoque où il réalisait Les Brasiers De La Colère. Il a aussitôt acheté le livre, s’y est plongé et a vu comment l’adapter.
Bruce Springsteen déclare que « Jeremy n’a pas cherché à m’imiter mais s’est plutôt imprégné de mon tempérament »
Avant de s’engager dans le projet, Jeremy Allen White avait une expérience très limitée du chant ou de la guitare. Il témoigne : « il fallait au moins que je puisse me rendre là où je me sentais le plus à l’aise possible parce que Bruce, lui, n’est jamais autant dans son élément que lorsqu’il a une guitare entre les mains.
L’acteur s’est entraîné avec le professeur de guitare J. D. Simon et le professeur de chant Eric Verto pendant cinq mois.
Une œuvre d’une très grande intelligence, bénéficiant d’une mise en scène et une direction artistique remarquablement orchestrée, le rythme intense du film parvient aisément à capter l’attention du spectateur cela dès l’introduction sans jamais le relâcher, une quête de vérité dans le sens large du terme.
Un magnifique hommage à la musique de Springsteen, un véritable bonheur pour nos oreilles qui nous fait passer un excellent moment, le réalisateur a su inculquer à son récit une touche de tendresse profondément humaine.
Informations Pratiques :
Titre : Springsteen Deliver Me From Nowhere
De : Scott Cooper
Avec : Jeremy Allen White, Jeremy Strong, Paul Water Hauser
Genre : Biopic, Drame, Musical
Durée : 2h00
Distributeur : The Walt Disney Company France
Date de sortie au cinéma : 22 octobre 2025
Mitra Etemad