Le vêtement devient image de l’histoire
Chaque couturier adopte sa vision de l’histoire à travers sa collection et c’est toujours un plaisir pour moi de voir comment les couturiers analysent et se représentent une époque. C’est un peu comme un voyage dans le temps et la culture grâce à la collection d’un couturier. Chaque couturier apporte aussi une vision différente de cette époque. Là où John Galliano préfère exprimer le libertinage et la splendeur du XVIIIème siècle, Vivienne Westwood préfère exprimer la féminité ultra-développée et la force de caractère de ces dames de cours qui devaient être habillées (physiquement et spirituellement) pour montrer et défendre leur rang. Chaque couturier exprime donc à travers sa collection cet esprit des Fêtes Galantes de Watteau, cette élégance et ce style galant propre au XVIIIème siècle. Le mélange avec la réalité de notre époque est toujours intéressant à voir. La forme demeure (notamment chez Karl Lagerfeld) mais les imprimés et les couleurs changent.
Le vêtement devient un réservoir d’idées
J’aime beaucoup les collections des couturiers qui s’inspirent du passé. C’est toujours très intéressant pour moi de voir et comprendre à quel point leur vêtement peut devenir comme une sorte de garde-robe du XVIIIème. Même si la vision de l’histoire est souvent idéalisée : les vêtements mettent surtout en exergue l’opulence, l’élégance, la royauté, ce souvenir d’une époque où la qualité de vie était un des maîtres mots n’est pas à dédaigner. Selon Vivienne Westwood, la mode est un art vivant car elle permet de capter la force et l’harmonie de l’âme afin de la restituer dans un vêtement. Ainsi, les nombreux couturiers qui se sont inspirés des toilettes du XVIIIème permettent de garder vivante la mode de cette époque. Bien qu’elle soit revisitée, il n’en demeure pas moins que l’esprit demeure : un esprit de liberté, de grâce et de féminité qui ne finit pas d’en faire rêver…
Visuels : Art et mode, Valérie de Givry.