[Reportage] Fashion Week Lisbonne SS17 : entre héritage et audace, le style fait sa place

Publié le 22 octobre 2016 par Diane @ModeLaFrancaise

C'était la deuxième fois que nous nous rendions à la Fashion Week de Lisbonne. Et sans mentir, c'est l'une de nos préférées. Pourquoi ? Parce qu'elle est tournée vers les jeunes créateurs, vers la jeunesse et ainsi redonne un second souffle à une saison estivale que l'on croyait jusque-là endormie...

Après 2h30 de vol et un atterrissage frôlant les toits des maisons du quartier nord de Lisbonne et touchant de l'aile le fameux pont (qui nous rappellent tant San Francisco), nous voilà parties pour une semaine inoubliable !

" Inoubliable " est le mot qui résume cette saison printemps/été 2017 conjuguée sur des notes vocales et fashion lusophones. Un résonnance à laquelle on s'habitue vite, on s'attache comme une vieille connaissance mais qui se veut parfois mystérieuse et qui nous échappe parfois (certains défilés nous ont laissées sans voix). Mais...

Comment oublier... La 25 ème édition des Sangue Novo : ces jeunes créateurs qui participent à la renaissance du style ! Cette fois-ci Eduarda Abbondanza a choisi Joao Barriga pour sa collection homme très sombre, très noire, monochrome et tout en jeux de coupes larges et décalées pour des silhouettes amples et floues et pourtant si altières et efficaces. La rédaction a jeté son dévolu sur la créatrice Daniela Ciolan. En effet, la créatrice a présenté une collection mélangeant avec brio les éléments de la nature et les codes de la mode. Les silhouettes très féminines figuraient alors une symbiose entre un style classique et un romantisme irrévérent. On aimait cette façon de mettre en valeur chaque détail du corps de la femme à travers des pièces qui elles-mêmes par leurs finesses et leurs détails semblaient mouvoir ces corps... A l'instar des silhouettes qui sont multiples, les matières choisies par Daniela Ciolan se déclinent à l'infini. Sa signature ? Les coupes improbables, les poches et les fleurs omniprésentes. Les couleurs de l'été ? Le vert d'eau, le blanc et les nuances de gris !

Sans compter notre petite promenade du midi " à l'aventure " dans le quartier très typique du Chiado. Nous ne parlons pas du centre commercial qui nous ramène tristement à la réalité avec ses multimarques. Bien sûr que non! Nous avons pris sur la droite et grimpé la rue grillagée au mur par les " azuleros " et au sol et dans le ciel par les rails et les fils du tramway éternel et bruyant ! Nous étions bien au cœur du Lisbonne ancestral, dans le berceau de cette ville portuaire. Alors quoi de mieux pour rêver dans une autre dimension (que la Fashion Week) que de se poser sur le bord d'une fontaine, sortir son pique-nique, et croquer la vie à pleine dent en prenant simplement le temps d'observer les gens qui passent, qui discutent, qui rient, qui sommeillent à l'ombre d'un platane... ? Décidément, le Chiado a su nous séduire !

Comment oublier... le véritable show de Nuno Gama. En effet, ce fut au Musée de la Marine de Lisbonne que celui-ci a présenté sa collection masculine. La première partie se tenait dans l'enceinte même du musée au milieu des caravelles qui étaient, il y a plusieurs siècles, en partance pour des contrées lointaines et inconnues. Mais, Nuno Gama savait où il allait et n'était pas le moins effrayé de nous guider au cœur de sa philosophie de la mode et du style. Car, en effet, Nuno Gama va plus loin que la simple présentation. Il franchit les frontières et nous emmène alors à l'extérieur du musée pour la seconde partie du défilé outdoor. Là, au pied du monastère de Belèm, " ses garçons " ont à nouveau défilé portant, cette fois-ci, chacun, un écriteau différent où l'on pouvait lire un préjugé ... Quand tous les mannequins étaient placés, ils ont alors cassé leurs écriteaux et brandis des drapeaux du Portugal. Une leçon d'humanité et de mode ! Un coup de maître. Et en mode justement, cela donne quoi ? Des silhouettes fines, élégantes et discrètes. En un mot : chic. Sans bannir les jeux de couleurs (blanc, gris métallisé, bronze...) et les oppositions court-long. La tendance de l'été prochain ? Associer vestes ou chemises à manches longues avec des shorts.

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Sans compter le quartier de Belèm où se trouvent tous les grands musées de Lisbonne avec notamment le monastère de Santa Maria de Belèm qui abrite le tombeau de Vasco de Gama et de Luis de Camões qui a écrit en poèmes le mythe fondateur de la nation portugaise. Après une balade pédestre dans les rues du vieux Lisbonne avec ses petites maisons colorées faites de bric et de broc, nous sommes tombées sur cet immense (et presque démesuré) monument de pierres blanches construit sous la demande du roi portugais Manuel I afin de commémorer le retour de Vasco de Gama d'Inde. Nous voici donc face à la splendeur des Jeronimos. La blancheur immaculée des pierres taillées avec une précision à nous faire tourner la tête contrastait avec le bleu éclatant du ciel vierge de tout nuage. Su-blime !

Comment oublier Ricardo Preto et son double défilé ! En effet, ce fut le seul créateur qui s'est octroyé le luxe de présenter sa collection Homme ET Femme. Une aubaine pour nous car nous avons adoré. Notamment la collection féminine qui se déroulait au siège de Maserati. De bon ton quand on sait que l'inspiration était l'apostrophe " Do you see me ? " Ce que nous avons aimé ? Le pari réussi de Ricardo Preto de combiner les éléments d'une végétation luxuriante venue des Philippines avec les lignes pures de l'architecture moderne. Qu'est-ce que cela donne ? Des silhouettes structurées grâce à des étoffes brodées vertes ou rosées pour un style très " urban jungle ".

Sans compter le jardin d'eau d'Esterlas. Certainement l'un de nos lieux préférés de Lisbonne. La beauté et la diversité de la flore nous a permis de nous accorder une pause délicieuse. Le cadre très " esprit des Lumières " et expérimental était à la perfection pour nous déconnecter un instant de la superficialité du monde de la mode, nous détendre et nous cultiver (une bibliothèque jouxte cet endroit -merveilleux).