Librairie : Agnès Ledig, Se le dire enfin

Publié le 25 avril 2020 par Mystika @Mystikate

Suite à mon article lecture de la semaine dernière, j'ai envie de vous présenter un nouveau livre.

C'est la première fois que je lis un roman d' Agnès Ledig. Jusque là j'étais passée à côté par méconnaissance et en raison de certains a priori. Pour moi ces livres aux couvertures colorées et aux titres accrocheurs, dans la lignée " feel good " sont souvent mal écrits. Je ne suis pas snob de la lecture au sens propre : je ne lis pas que de la grande littérature ou des classiques. Mais j'ai du mal avec les livres qui me font penser à un scénario de téléfilm de TF1. Et là, sans vraiment savoir pourquoi, j'étais persuadée que c'était le style d'Agnès Ledig.

Mais ce n'est pas du tout le cas ! C'est très bien écrit, l'intrigue est parfaitement menée et les personnages semblent exister véritablement. Merci à la curiosité qui m'a incitée à ouvrir son dernier roman : Se le dire enfin.

Dès l'incipit j'ai accroché, ce qui est très bon signe. Je vais d'ailleurs le partager ici avec vous.

Incipit

Quai numéro 1

Edouard raccrocha, un sourire satisfait sur les lèvres.

Il observait sa femme apporter quelques corrections à son maquillage à l'aide de son miroir de poche. Longs cils, grands yeux noisette, pommettes hautes, lèvres pulpeuses, chevelure soyeuse. Son épouse était une très belle femme. Longtemps il avait ressenti cette fierté de voir les hommes se retourner sur son passage, lorsqu'il l'avait à son bras. Assis en terrasse sur le parvis de la gare de Vannes, ils terminaient leur verre. leur TGV entrerait bientôt en gare pour les déposer à Paris. Ils reprenaient le travail deux jours plus tard. Armelle était heureuse de rentrer. Ce séjour dans le golfe du Morbihan avait eu beau être charmant, elle n'avait pas pu décrocher de ses mails professionnels dont elle était inondée au quotidien. Une négligence de deux semaines l'aurait condamnée à la noyade dès son retour. De quoi la rendre nerveuse durant toutes les vacances. Et puis, Armelle avait engagé un processus important avant leur départ. Elle était impatiente d'en constater les effets. [...]

Edouard aperçut une vielle dame, petite et menue, qui sortait de la gare. D'une main elle tirait avec difficulté une lourde valise sur laquelle était calé un gros vanity-case.

Résumé

Edouard propose son aide à cette vieille dame, qui accepte avec soulagement. Il l'accompagne jusqu'à son bus à destination de Rennes et... monte avec elle, sous l'oeil médusé de sa femme.

Pourquoi Edouard a-t-il suivi cette inconnue, en laissant en plan sa femme ? Il ne le sait pas lui-même mais se retrouve dans la maison d'hôtes de Gaëlle, où Suzann, la vielle dame anglaise, se rend chaque année pour écrire. Gaëlle accueille cet étrange voyageur. Il fait connaissance avec son fils de 15 ans, Gauvain, enfermé dans le mutisme depuis la mort de son père, quand il avait 5 ans.

Une autre habitante, étrange et mystérieuse est également présente : la belle Adèle. Cachée derrière ses longs cheveux noirs, et toujours sur son cheval blanc, elle passe beaucoup de temps dans la forêt de Brocéliande limitrophe. Gauvain la suit et l'espionne, revenant à chaque fois bouleversé. Que voit-il ?

Edouard s'installe chez Gaëlle, et regarde souvent une lettre qu'il cache comme un trésor : celle d' Elise, son amour de jeunesse. Est-ce cette lettre qui l'a incité à quitter sa vie parisienne a priori confortable, mais qui le faisait souffrir ?

En parallèle de cette vie hors du temps, et pleine de non-dits, qui se met en place chez Gaëlle, une autre histoire se trame. Christine, une restauratrice, se rend au commissariat pour signaler la disparition inquiétante de sa fille Delphine. Cette dernière était serveuse dans le restaurant familial, outragée par les avances et les gestes déplacés des clients - que son père cautionnait. Mais Christine semble cacher un secret.

Mon avis

Je ne vous en dis pas davantage pour ne rien dévoiler. Je ne peux que vous inciter très vivement à vous plonger dans cette fabuleuse lecture. je l'ai fini cette nuit à deux heures du matin : impossible de m'arrêter. Et je l'ai refermé à regret. Quand une lecture nous emporte de la sorte et que les personnages s'incarnent autant sous nos yeux, c'est que le livre est réussi.

Je sais qu'il vous plaira ! J'en ai même totalement oublié, le temps de la lecture, le contexte anxiogène. Je me suis évadée dans la forêt de Brocéliande puis en bord de mer. J'ai fait des balades à cheval, lu un journal intime caché depuis des années, assisté à la construction d'automates fantaisistes et poétiques... J'ai voyagé et j'ai du mal à revenir à la réalité. Merci et bravo Agnès Ledig !