Révélation ! J’ai (dé)testé : acheter des abonnés sur Instagram

Publié le 20 mars 2021 par Mystika @Mystikate

Bonjour à tous, je fais un retour en fanfare sur le blog, avec un article révélation. Un article auquel je pense depuis des années.. oui vous avez bien lu !

Et il m’a fallu des heures en amont pour pouvoir enfin l’écrire, vous allez en comprendre la raison.

I La création de mon compte Instagram

J’ai créé mon compte Instagram en juillet 2013. J’étais alors en vacances, enceinte de ma fille. Je voyais ce réseau prendre de l’importance, et j’ai eu envie de le découvrir. C’était un moyen de proposer quelque chose de plus spontané et plus rapide à écrire qu’un article de blog.

Mon compte était d’abord privé, je ne voulais pas qu’un de mes élèves (j’enseigne les Lettres Classiques au collège) le découvre.

Mes publications éteint irrégulières et le nombre d’abonnés s’élevaient à quelques centaines : c’est une évidence pour un compte privé.

II Le compte privé

Au fil du temps, Instagram a eu le succès que je ne vous présente plus. J’avais mon blog depuis 2011, j’étais invitée à de nombreuses présentations presse, on me proposait régulièrement des collaborations dans le cadre du blog. Mais de plus en plus, on demandait aux blogueuses une présence sur Instagram.

J’ai alors mis mon compte en version publique, mais peu de nouveaux abonnés arrivaient. Il faut dire que je n’avais mis en place aucune stratégie.

III Instagram ou rien

Début 2016, je me souviens d’une présentation de bijoux fantaisie à laquelle je m’étais rendue avec une amie blogueuse. J’étais invitée et pouvais venir accompagnée d’un +1. Après avoir découverte la nouvelle collection, nous avons discuté avec les représentantes de la marque.

Au moment de leur donner le nom de nos comptes Instagram respectifs, je suis soudainement devenue transparente et sans intérêt. Certes j’avais un blog depuis cinq ans, de nombreux articles et un contenu « de qualité ». Mais le blog avait fait son temps, désormais il fallait être suivi sur Instagram.

Mon amie atteignait quasiment les « 10K » (10 000 followers) tandis que j’en avais à peine 2000.  Les représentantes de la marque se sont donc extasiées sur son compte, ses jolies photos (à juste titre) et ne m’ont plus adressé la parole !

Pire : à la présentation presse suivante, cette amie a été conviée… mais pas moi ! 

Heureusement que j’ai du recul et pas seulement mon blog ou Instagram dans la vie.

IV La bascule

Le coup de grâce a été donné en septembre 2016. J’avais été approchée par un groupe de cosmétiques très connu (L’Oréal pour ne pas le nommer).

Il était question de faire des vidéos rémunérées sous forme de tutoriel maquillage. J’avais déjà fait une fois ce type de vidéos, j’étais ravie et flattée d’avoir été choisie par un groupe aussi « prestigieux ».

La responsable du projet m’a appelée pour me l’expliquer plus en détails. Je lui ai dit que j’étais enceinte (oui encore !) mais qu’il n’y avait aucun problème pour faire une vidéo maquillage.

Elle m’a demandé le nombre de visiteurs sur mon blog, puis mon nombre d’abonnés sur Instagram. Toujours un peu plus de 2000 abonnés.

Et là je me souviens encore du blanc dans la conversation. Un silence qui en disait long.

Elle est retombée sur ses pattes en me disant :

Je transmets les informations et reviens vers vous.

… Et ils m’ont recontactée très vite pour m’expliquer que le projet se ferait sans moi puisque j’étais enceinte.

Ce jour-là j’ai compris que les marques n’attendaient qu’une chose : beaucoup d’abonnés sur Instagram.

V Tenter de faire augmenter son nombre d’abonnés

J’ai donc essayé d’avoir plus d’abonnements à mon compte. Je publiais plusieurs fois par semaine, à des horaires « stratégiques ». Je m’appliquais pour mes photos.  J’avais même acheté des feuilles cartonnées avec différents motifs (parquet vieilli, mur en crépis, étoiles) pour constituer le fond de mes natures mortes.

Mais il y avait déjà trop de comptes sur Instagram, difficile de me différencier. Je n’avais plus d’idées et perdais ma motivation.

VI Le pod

Des copines blogueuses m’ont alors proposé une solution : le pod Instagram.

Qu’est-ce qu’un pod ? Une micro-communauté d’utilisateurs Instagram qui s’engagent à liker et commenter dès qu’un membre fait une publication.

J’ai hésité à accepter mais je me disais que c’était l’opération de la dernière chance. Nous étions une petite dizaine dans ce groupe.

Lorsque l’une d’entre nous postait, elle avertissait les autres en publiant un dauphin dans notre groupe de conversation privée. Nous mettions seulement un symbole car un lien direct vers un post nous aurait fait repérer par Instagram.

J’y ai participé, mais ça me prenait un temps infini. J’en étais à passer plus de temps à aller commenter chez les autres qu’à créer du contenu pour moi. Je ne prenais même plus le temps de répondre aux rares vrais commentaires que je recevais.

De plus, il fallait commenter avec plus de quatre mots pour ne pas être considéré comme un robot. Je m’efforçais donc de trouver des choses à dire, même quand le look en question ne me plaisait pas.

Pire : parfois le post n’était pas en adéquation avec mes valeurs (une publication mettant en avant du Nutella par exemple).

Je sentais que je devais basculer dans l’hypocrisie, et j’en suis incapable. Ma franchise m’a parfois posé problème, mais j’en suis fière.

Au bout de plusieurs mois à me forcer à être active sur ce pod, j’ai décidé de le quitter. Quel soulagement ! J’en étais à stresser dès que je recevais la notification d’un nouveau post.

Bien sûr ça ne m’a strictement rien apporté. J’avais juste des commentaires en plus (les leurs) mais pas de nouveaux abonnés ni un taux d’engagement supérieur.

Je ne sais pas combien de temps les autres membres du groupe ont continué, mais je les ai trouvées très persévérantes.

VII Les faux followers

A la même période, j’ai entendu parler de l’achat de followers. Cela me paraissait absurde au début, mais à force d’entendre les agences me demander mon nombre d’abonnés, et de voir les projets bloqués à cause de ma réponse, j’y ai songé.

Avec une copine nous avons décidé de nous lancer. Tant qu’à faire, je n’allais pas me ruiner. Je suis donc allée sur le site « followers pas cher » et en ai acheté 25. Je viens de retourner sur le site pour faire la capture d’écran ci-dessus, et je constate que les tarifs ont encore diminué.

C’était tellement facile et grisant de voir mon nombre de followers augmenter. Le lendemain j’en ai acheté 25 de plus, puis de même quelques semaines plus tard.

Je n’ai jamais acheté plus de 100 followers à la fois, et n’ai jamais acheté au passage de commentaires ou de « likes« .

Car oui tout s’achète, même les vues sur les stories ai-je appris récemment.

Mais j’étais dans un engrenage qui ne m’apportait aucune satisfaction : je voyais mon nombre augmenter, mais je savais qu’il s’agissait de robots.

Moi qui ai toujours eu le sens de la justice et qui déteste le mensonge, je me sentais vraiment mal.

Je n’ai jamais triché en cours par exemple, ni volé quoi que ce soit, même un bonbon à la boulangerie quand j’étais enfant. Là je me sentais mal mais je répondais comme je le pouvais à la demande qui m’était faite.

Autour de moi, tout le monde le faisait. Certes ce n’est pas une raison. Mais quand j’achetais quelques dizaines de followers, les « gros comptes » les achetaient par dizaines de milliers, sans aucun scrupule. Je ne sais pas comment elles faisaient pour oser avec tant d’aisance.

VIII Ce que ça m’a apporté

Mon compte restait confidentiel, j’ai atteint le palier des fameux « 10K » me permettant de faire des swipe-up.

Les swipe-up : ce sont des liens directs que l’on peut insérer en story. Cela me permettait de renvoyer à un article de mon blog, ou à un site que je trouvais intéressant.

Mais je n’ai jamais eu de partenariat rémunéré ou de collaboration spécifique pour mon compte Instagram.

Les produits et offres que je continuais à recevoir étaient liés à mon statut de blogueuse. Les agences bénéficient d’outils mesurant le taux d’engagement sur Instagram (le nombre d’abonnés par rapport au nombre d’interactions).

Sur le mien on voyait que les choses ne concordaient pas, et je n’ai rien fait pour le cacher. D’ailleurs quand des blogueuses s’insurgeaient du fait que certaines avaient acheté des faux followers, je répondais ouvertement que je l’avais fait et que je le regrettais.

IX Les attaques

Vous connaissez le syndrome du bon élève qui ne triche jamais ? Ou de la personne qui ne fraude jamais dans les transports ?

Le jour où elle fait un pas de travers, tout le monde lui tombe dessus. Ça a bien sûr été mon cas.

J’ai été avertie par des abonnées qu’une femme sur Instagram avait fait des stories où elle analysait mon compte, montrant que le nombre d’abonnés ne concordait pas avec le nombre de commentaires. Mais surtout elle m’attaquait avec beaucoup de virulence sur mes moindres faits et gestes.

C’était le principe de la fascination /répulsion. Elle semblait visiblement me détester (alors que je ne la connaissais pas). Elle était au courant de tout ce que je pouvais montrer en story, mais n’étais bien sûr pas abonnée à mon compte.

Ces stories m’ont profondément blessée, j’ai trouvé ça tellement injuste. Suite à ces stories j’ai eu quelques « trolls » qui sont venues m’attaquer sur tout et n’importe quoi. J’ai pris sur moi et ai décidé de ne pas réagir, c’était inutile. 

Cette personne était enfermée dans sa haine envers moi, et se gargarisait de son propre fiel. Je vais même vous dire que je l’ai pensée profondément malheureuse pour être aussi méchante.

Une autre ensuite a fait des « révélations » en stories à mon sujet (toujours au sujet des faux followers), mais sans me mentionner directement  une fois de plus. En revanche mon compte était tout de suite reconnaissable. Ce sont des abonnées qui m’ont avertie et ça m’a une fois de plus blessée car je ne méritais pas tant de virulence.

Ces femmes me présentaient comme si j’étais une criminelle, j’étais leur cible. Mais la meilleure des réponses c’est l’indifférence. Je ne pouvais pas lutter contre la haine accumulée.

X La suppression des faux followers

J’ai acheté mes faux followers durant l’année 2016. J’ai commencé à les supprimer fin 2017… et j’ai fini cette semaine seulement. VICTOIRE ! 

Vous comprenez donc pourquoi cela m’a pris des heures, et pourquoi je songe à cet article depuis des années. J’ai eu envie d’en parler depuis bien longtemps, mais certaines se seraient précipitées pour m’attaquer une fois de plus. J’ai donc attendu d’avoir enfin tout supprimé pour écrire à ce sujet.

Autant acheter des followers ne prend que quelques secondes et ne coûte que quelques euros, autant s’en débarrasser prend un temps infini.

Au début j’allais au bout de la liste de mes followers, mais je perdais le fil et ne savais plus où je m’étais arrêtée.

Puis j’ai eu l’idée de procéder par ordre alphabétique. Il m’a suffi d’aller en bas de la liste, pour chaque lettre de l’alphabet, et de remonter. Les followers sont classés par ordre chronologique.

Pour repérer les faux comptes, c’est simple. Les « robots » qui me suivaient étaient la plupart du temps de Turquie, d’Afrique du Nord, ou « latinos » (je n’ai pas pu identifier leur pays).

Ce sont des comptes qui ont quelques publications : en général 3 selfies et 2 photos de voitures. Ils ont 3 abonnés mais 6997 abonnements. Et bien sûr ils ne peuvent pas interagir puisqu’ils n’existent pas.

J’ai fait une capture d’écran de faux profils avant de les supprimer :

Ce qui est long c’est qu’il faut vérifier quand on a un doute, car il y a toujours de vrais abonnés qui se cachent dans une liste de faux. Parfois je vois un nom portugais ou espagnol, je m’apprête à le supprimer… mais c’est un abonné véritable. Je sais que, sur ma lancée, j’ai d’ailleurs supprimé de vrais abonnés, mais tant pis. S’ils aiment mon compte ils feront la démarche de revenir.

Ca fait mal à la tête, ça fait mal aux yeux. Je n’en voyais pas le bout et n’ai fait que regretter d’avoir acheté des faux followers, vraiment !

En général je supprimais par salves, en regardant la télévision ou en écoutant un podcast, histoire de ne pas perdre totalement mon temps. 

Cette semaine quand j’ai enfin fini, je me suis sentie soulagée, et je peux enfin vous en parler.

XI Et les autres comptes ?

C’est statistique : plus un compte Instagram a de followers, plus il a un fort taux de faux. A chaque fois que je regarde un gros compte Instagram pour lequel j’ai un doute, j’en trouve.D’ailleurs même les célébrités ont de faux followers.

On les repère facilement : ce sont des comptes qui ont plusieurs dizaines de milliers de followers, mais peu de commentaires (moins d’une dizaine). Certains achètent aussi des commentaires mais ça se voit car on a droit à des « incroyable » « amazing » « j’adore » hors-sujet. Ou alors la même personne commente dix fois. 

Est-ce que ça me dérange ? Non.

Déjà je suis rarement dans le jugement. Et je serais bien mal placée pour critiquer un comportement que j’ai moi-même eu, même si c’était dans une moindre mesure.

C’est un phénomène connu depuis longtemps. Une marque ou une agence a tous les outils à sa disposition pour les débusquer. Si elle se lance quand même dans des partenariats avec une personne qui a acheté des faux followers, c’est un problème qui la concerne.

Ce qui serait dérangeant c’est si un influenceur avec une grande partie de faux followers se fait rémunérer. Mais je n’ai jamais observé ce phénomène. Bon je dois dire aussi que je ne suis pas de gros comptes, les fameux qui donnent des codes promotionnels à tout va. Et j’ai mieux affaire que d’analyser ce qui se passe chez les autres.

C’est à l’influenceur d’assumer et de dialoguer avec sa conscience.

Je sais que de mon côté c’était vraiment trop lourd à porter. 

D’ailleurs depuis que j’ai fait du vide, j’ai plus de visibilité sur Instagram, plus d’abonnements et beaucoup plus d’engagement. 

Conclusion

Je me sens délestée après avoir fait cet aveu. Comme je vous le disais : il me pesait beaucoup car c’était une forme de triche et de mensonge.

Plusieurs d’entre vous le savaient car j’avais eu besoin de me confier. Mais j’ai toujours eu des messages bienveillants, me faisant relativiser.

Merci de m’avoir lue jusqu’au bout. Je repars sur de bonnes bases. Une chose est sûre : on ne m’y reprendra plus.

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