Rencontre cine – nicky miller

Publié le 16 octobre 2015 par John Noa @NoaJohn
OH! SOCKS est un flux d'images qui transporte le spectateur dans l'esprit d'un garçon qui fantasme sur d'autres garçons. Situations quotidiennes et espaces fantasmagoriques. Voyage ambigu entre le personnage principal et le spectateur.

J'ai eu le privilège de pouvoir visionner le court métrage en entier. Autant vous dire tout de suite que ces images ne sont pas à mettre devant n'importe quels yeux. J'ai tout de suite été emporté dans mon écran. Le spectateur fait partie de l'histoire. J'ai été la caméra. Avant d'en dire plus sur ce court-métrage absolument remarquable, revenons à ma rencontre avec cette artiste passionnée, un peu folle, borderline, attachante avec qui j'ai passé plus de deux heures à discuter et à fumer des clopes. Elle est passionnante.

©John Noa - Les Garçons en Ligne

Nicky Miller est franco-vietnamienne. Elle a vécu à Paris, à New York, à Berlin, et a posé ses valises il y a quelques temps à Bruxelles. À Berlin, elle découvre la culture queer. Cette parisienne qui a grandi en banlieue devient une véritable artiste qui pose la question de l'identité, du genre, de la sexualité dans ses travaux. Avec Oh! Socks, elle propose un premier travail complètement assumé LGBT. C'est un sujet qui lui tient à coeur. Elle admire le courage de Gertrude Stein et lit Kathy Acker. Bref, Nicky Miller est le genre de personne qui vit pleins de vies.

Son court métrage Oh! Socks a été sélectionné pour le Porn Film Festival Berlin 2015 qui aura lieu du 21 au 25 octobre prochain dans la capitale allemande, lieu cher à son coeur. Il s'agit " des fantaisies filmées d'un mec accroc aux chaussettes " explique Nicky. Le scénario original a été modifié, manque de moyens. Le scénario se divise en deux parties. La première se déroule sur une plage et la seconde dans une darkroom. Le personnage principal, interprété par François Janssen, erre littéralement entre réalité et fantasme. Une superbe scène de rencontre pose le décor d'un doute qui naitra dans l'esprit du spectateur. Caméra au poing, elle immortalise les images qu'elle a préparé. Toutes les prises de vues sont remarquables. La réaction est quitte ou double. On adhère ou pas. L'ambiance du film est posé dès les premières minutes. Moi, j'ai été captivé (oui, je sais que je me répète !)

Image tirée du film Oh! Socks ©Nicky Miller

Le Stamm Bar à Bruxelles a soutenu Nicky dans son projet et lui a même prêté son bar et sa darkroom le temps du tournage. Cette partie du film est d'ailleurs absolument sublime. Les images esthétiques sont le fruit de sa collaboration avec Gio Black Peter. Bien que le spectateur peut se placer à la place de la caméra et faire vraiment partie du film, la réalisatrice précise que " le spectateur ne doit pas lire ce que j'écris ". Chacun y verra ce qu'il veut et interprètera à sa façon ce flux d'images.

Image tirée du film Oh! Socks ©Nicky Miller

Lorsque je lui pose la question du sujet du film et surtout du choix du thème de l'addiction aux chaussettes, elle m'explique: " Mon personnage principal est simplement un socks addict mais je ne suis pas une fétichiste de la chaussette ! "

On remarque d'ailleurs une certaine " naïveté " dans ce court métrage. C'est une femme qui traite d'un sujet masculin avec des personnages masculins dans un milieu où il n'y a que des hommes. Elle joue avec ce côté fétiche, qu'elle détourne pour le rendre presque drôle. " Ce court métrage ne pue pas la chaussette ! Le sexe peut être drôle ! " Et cette façon assez nature, presque innocente, de parler se retrouve dans ses tournages. " Tous les acteurs sont venus tels qu'ils étaient. Je n'impose aucun costume ou maquillage. Et ils sont souvent des rencontres de fêtes ou des potes. D'ailleurs, dans mon dernier court métrage, le seul accessoire que j'ai imposé, c'était un jockstrap ! " Oui Nicky Miller aime l'esthétique fétichiste et l'assume complètement.

Bande annonce de Oh! Socks de Nicky Miller

Pour la bande son, elle a fait appel à Antoine DkA Verbrugge de Brussels Pony Club. Les sons sont créés spécialement pour ses courts métrages. Pour cette seconde collaboration entre les deux artistes, le belge a réussi à poser un décor musical qui colle parfaitement à l'ambiance du film. Expérimental, dark, hermétique, accessible, transcendant, tous les plus beaux adjectifs collent parfaitement à ses vibes.

Son prochain film sera un moyen métrage. 'And It Shall Not Stand' est une fiction queer avec un scénario un peu plus classique. C'est l'histoire de quatre garçons Ben, Albert, Arthur et Bobby qui vivent dans une petite maison. Alors qu'ils écoutent la " radio-ordinateur ", la Troisième Guerre Mondiale est déclarée. Au même moment, les quatre colocataires ont des conflits de voisinage avec la famille Ugly. Ce nouveau projet prometteur est une satire de la société de consommation. Le parallèle sera établit entre une famille aisée qui dépense mal et ces quatre garçons qui ont peu de moyens mais qui ont une vie passionnante. Il faudra attendre janvier 2016 pour découvrir ce nouveau projet. En attendant, voici la bande annonce.

LES 5 DERNIÈRES QUESTIONS

John Noa: Couleur ou noir & blanc ?
Nicky Miller: Couleur et noir & blanc. Le noir & blanc est aussi une couleur, non ?

John Noa: Hamburger ou salade ?
Nicky Miller: Salade !

John Noa: Tu portes quoi pour un premier RDV ?
Nicky Miller: J'y pense pas. En fait, je ne prépare jamais un RDV. Je suis plus accident que RDV !

John Noa: Si on veut te croiser à Bruxelles, il faut être où ?
Nicky Miller: Je n'ai pas vraiment de point de chute. Le Belgica, je dirai. J'aime bien cet endroit !

©John Noa - Les Garçons en Ligne