Anx vient de rencontrer Cass quand l’épidémie éclate : partout, les gens fusionnent avec les choses. Cloîtré dans son appartement, le couple doit faire face à cette menace monstrueuse.

Entretien avec Thibaut Emin réalisateur :
Est-ce que tu peux parler de l’impulsion et de l’ecriture du film ?
Ça ne vient pas du confinement, l’idée est plus ancienne. C’est l’issu d’un court-métrage quand j’étais en études à la Femis. Ce n’etait pas forcément le premier long que je voulais développer. Mais le premier producteur que j’ai rencontré a décliné mes autres idées, c’était donc mon joker. C’etait l’idée de base, celle d’adapter un court en long. Bien que ça soit un huis clos avec deux personnages, ça a été dur à faire, dur à financer.
Mon idée était de voyager dans du tout petit et de perturber notre rapport aux échelles, et de faire des paysages avec des détails. Avec l’idée de faire quelque chose d’immersif en reliefs.

Else, un film du genre français qui respect non seulement les codes, mais apporte également un vent nouveau dans cet univers très fébrile à l’idée d’un changement radical et intime.
On adore cette ambiance extrêmement anxiogène accentuée par des effets sonores, une montée en puissance inattendue et très intelligente, sans jamais tomber dans la facilité du sort.
La volonté d’une écriture imaginée est flagrante autant dans la mise en scène, que la direction artistique, j’aime quand le scénario bouscule les idées reçues par ce genre de films. Ici on nage dans l’inconnu parfaitement bien maîtrisée, afin de laisser le spectateur s’imprégner des personnages, ceux qu’on voit et ceux qu’on entend, le travail du son occupe une très grande place dans le scénario.

Nos deux personnages se voient condamnés à vivre sous le même toit, en colocation avec des drôles d’entités pas très bienveillants. En visionnant le film on ne peut s’empêcher de se questionner sur la vision de notre société par le réalisateur.
Avons-nous affaire à un métaphore des conflits auxquelles l’homme doit faire face pour survivre à l’invasion numérique et personnelle ? La question est légitime et les réponses multiples. Volontairement le réalisateur nous laisse une très grande liberté de choix, il fait appel à notre imagination et notre vécu en situation de stresse, avec une grande part de vérité et lucidité non négligeable.
Le très beau casting de ELSE permet également de découvrir deux nouveaux visages du cinéma français, comme la très brillante et pétillante Edith Proust, sa forte personnalité et son charisme capte l’attention du spectateur sans jamais la relâcher, elle ne joue pas machinalement son personnage, mais elle l’interprète avec une justesse saisissante et très théâtrale. Elle vit son rôle généreusement, l’affection se lie instantanément avec l’empathie du spectateur et crée une relation obsessionnelle dans le huis clos d’une salle de cinéma.

Son partenaire Matthieu Sampeur est le colon vertébral du scénario, tout se construit et se déconstruit autour de lui, j’ai adoré cette liberté de mouvement qu’il s’autorise, sa grâce et son audace font de lui cet homme fort et vulnérable à la fois et engendre une sorte de solitude émotionnelle très agréable entre lui et son public.
ELSE est un chef-d’œuvre de technique d’écriture et de performance comme on en voit trop peu au cinéma français actuellement. Véritable révélation d’un grand cinéaste et des comédiens extrêmement talentueux et parfaitement orchestrés.
Informations Pratiques :
Titre : ELSE
De : Thibault Emin
Avec : Matthieu Sampeur, Edith Proust, Lika Minamoto
Genre : Epouvante-Horreur , Fantastique
Durée : 1h40
Distributeur : UFO Distribution
Date de sortie au cinéma : 28 mai 2025
Mitra Etemad