Au Cinéma : Sirãt de Olivier Laxe un chef-d’œuvre de maîtrise

Au cœur des montagnes du sud du Maroc, Luis, accompagné de son fils Estéban, recherche sa fille aînée qui a disparu. Ils rallient un groupe de revers en route vers une énième fête dans les profondeurs du désert. Ils s’enfoncent dans l’immensité brûlante d’un miroir de sable qui les confronte à leurs propres limites. 

Cinéma Sirãt Olivier Laxe chef-d’œuvre maîtrise

Note D’intention :

Ce qui m’intéresse, c’est le sens courant du mot Sirãt, qu’on pourrait traduire par « chemin » ou « voie». Un chemin à deux dimensions, l’une physique, l’autre métaphysique ou spirituelle. Sirãt pourrait être ce chemin intérieur qui te pousse à  mourir avant de mourir, comme c’est le cas pour Luis, le personnage principal de ce film. On appelle aussi Sirãt le pont qui relie l’enfer et le paradis. 

Nous sommes nombreux à nous demander si, en tant qu’individus et en tant que collectif, nous serons un jour  capables de changer, de ne plus répéter toujours les mêmes erreurs. Rien ne le garantit. Nous vivons une époque déstabilisante. Même avec les meilleurs intentions, même quand l’environnement nous y oblige, il est très difficile de changer de cap. 

Je crois que le cinéma est un lieu propice pour revivre ces expériences. J’aimerais que Sirãt nous remue et nous pousse à regarder vers l’intérieur. Dans mon film, tous les personnages- et d’abord Luis- regarderont la mort droit dans les yeux.

Dans le goût de la cerise,  Kiarostami a abordé la mort de façon si frontale qu’il nous a offert, au bout du compte, une ode à la vie. Cette dialectique m’a profondément inspiré pour ce film. 

Cinéma Sirãt Olivier Laxe chef-d’œuvre maîtrise

On pourrait dire que Sirãt est un film sur la mort. Mais je pense que c’est avant tout un film sur la vie- sur ce qu’il reste après avoir touché le fond, sur la survie. 

Sirãt est avant tout une prouesse photographique miraculeuse, une lumière magique qui par sa beauté envoûtante invite le spectateur à vivre une expérience cinéma inoubliable. 

La scène d’ouverture du film montre un paysage magnifique vibrant sur une musique techno terriblement intense, en transe, les reverses vibrent et se laisse emporter loin, très loin du monde tristement banal de ceux et celles qui marchent toujours en rang sans jamais laisser une chance à la déconnexion. 

Ils sont entre eux, ont l’air de s’apprécier tel qu’ils sont, pas de jugement, seulement vivre une vie qu’il ont choisie. Une sensation de liberté crée un lien très fort, hors du temps, un voyage spirituel ou chacun-e repousse les limites des frontières fragiles de la vie et la mort. 

Luis et son fils se trouvent embarqués dans cette aventure mystique, à la recherche de sa fille, si rien ne se passe comme prévu, La détermination de Luis désespéré qui au départ n’a absolument rien en commun avec les revers, provoque un élan de solidarité et se transforme en quête. 

La performance titanesque de Sergi Lopez est bel et bien au-delà de nos attentes, il est dans Sirãt au sommet de son génie, il fait preuve d’une maîtrise remarquable. 

Cinéma Sirãt Olivier Laxe chef-d’œuvre maîtrise

La deuxième partie du film est aussi inattendue que logique dans la démarche du réalisateur, l’équilibre parfait qu’il en fait preuve, apporte une dimension humaine salutaire. 

Une métaphore d’un monde où tout semble explosé sous nos yeux, où seuls les plus forts arrivent à survive, la lumière bienveillante viendra toujours des hommes, ceux qui ont survécu à l’enfer… 

Au milieu de tout cette douleur, en plein cœur de ce voyage vers les ténèbres, il reste l’humanité. Des personnage fragiles, conscients de leur petitesse dans un monde traversé par plus grand qu’eux. Des hommes et des femmes qui, après la méfiance initiale, prendront soin les uns des autres, sans jugement, dans une forme de communion silencieuse entre êtres blessés. 

Sirãt, un voyage intérieur entre songe  et réalité, le film repousse les limites des personnages très loin dans l’acceptation d’un deuxième monde parallèle, bien loin d’une société entièrement sous contrôle. Un no man’s land sur mesure qui voit les camions poussiéreux à la mode MAD MAX s’approprier le dessert silencieux, vide, vivant, la musique crée l’alchimie et repousse où plutôt arrête le temps, le personnage principal fantomatique du film est la Mort, le deuil, l’absence et le vide émotionnelle. 

Cinéma Sirãt Olivier Laxe chef-d’œuvre maîtrise

Le réalisateur Olivier Laxe nous offre un chef-d’œuvre, une rareté cinématographique hors norme, généreux, délicat, des images sublimes, bercées par une bande originale gigantesque venant subtilement illustré l’âme tourmentée de Sirãt. 

L’un des plus beaux films de l’année 2025, palme d’or ex æquo avec le film de Jafar Panahi. 

Informations Pratiques : 

Titre : Sirãt 

De : Olivier Laxe 

Avec : Sergi Lopez, Bruno Nunez Arjona, Richard Bellamy

Genre : Drame 

Durée : 1h55

Distributeur : Pyramide Distribution 

Date de sortie au cinéma : 10 Septembre 2025

Mitra Etemad


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