J’ai découvert Philippe Delaroche dans une émission très émouvante de La Grande Librairie dans laquelle François Busnel recevait des parents orphelins comme ils se désignent puisqu’il n’existe pas de mot pour nommer les parents qui ont perdu un enfant.
J’ai aimé son intelligence, sa sensibilité, sa pudeur, son désir de rendre hommage à sa fille disparue en prononçant son nom et en lui consacrant un livre. François Busnel était lui-même très ému car il collaborait avec Philippe Delaroche au magazine Lire. Il ne s’agit donc pas d’un témoignage qui pourrait virer au descriptif d’un drame que l’on classe au rang des faits divers, mais bien du texte littéraire d’un père éploré qui ne verse jamais dans la sensiblerie ou le larmoyant.
Je vous recommande vivement cette lecture qui permet de tout relativiser et qui insuffle une grande envie de vivre.
En voici l’incipit :
Le premier jour
Le 2 octobre 1988 est son premier jour, et le premier plus beau jour de ma vie. C’est ce dimanche-là, à 10h55, qu’Inès vint au monde, après un combat engagé depuis l’aurore. La sage-femme de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul la présenta à Isabelle. Avec délicatesse, elle la déposa sur son ventre. A cet instant-là, ni sa mère ni moi-même n’avons éprouvé une joie aussi aiguë, aussi ample et aussi irrésistible que celle qui nous submergea à la vue de la petite Inès-Cécilia.
Je n’ai pas fini de m’en souvenir et de m’en étonner. C’est comme si le désir d’Inès, ainsi que nous nous en ferons ultérieurement la confidence, s’était manifesté entre Isabelle et moi dès le premier instant de la rencontre et cela bien avant que nous en sachions assez l’un sur l’autre pour envisager une vie commune. Il s’écoulerait peu de temps, et l’enfant apparaîtrait. Il s’écoulerait trop peu de temps, et la jeune femme disparaîtrait.
Le 21 mars 2009, Inès, cette belle jeune fille de 19 ans pleine de vie, de beauté, de finesse et de promesses, périt dans un incendie en plein Paris. Sept ans après, son père orphelin lui rend hommage à travers ce livre, pour la faire revivre à travers ses mots, rendre son souvenir tangible et persistant en le publiant.