Jean-Louis Fournier, la servante du Seigneur

Comme je vous l’indiquais dans les Détails du dimanche, je viens de lire ce récit et tiens à vous le présenter en détails.

Jean-Louis Fournier est un auteur contemporain que j’ai découvert en lisant le petit livre dramatique, bouleversant mais drôle malgré tout : Où on va papa ?

« Où on va papa » était la phrase que répétaient ses deux fils, lourdement handicapés. Ce livre a été publié en 2008 et a reçu le prix Femina. Ses deux fils sont depuis décédés. Puis sa femme Sylvie, avec qui il a vécu 40 ans, décède brutalement en 2010. Il lui a consacré un livre : Veuf.

En 2013 il publie ce livre : La servante du Seigneur, qui évoque sa fille, vouée littéralement à la religion. Cette dernière a écrit un droit de réponse cinglant, publié à la fin.

J’ai trouvé ce livre court, toujours, dans la boîte à livres de ma ville, et je ne m’attendais pas à un récit si pesant mais également si beau. Il pose la question de l’exposition de la vie privée de l’écrivain dans ses récits. Je vous encourage à écouter l’excellente émission consacrée à ce thème dans Le Nouveau Rendez-vous de France Inter.

Et si vous souhaitez en savoir davantage sur l’auteur, cet article de 20 Minutes est intéressant.

Incipit

J’ai égaré ma fille.

Je suis retourné à l’endroit où je l’avais laissée, elle n’y était plus.

J’ai cherché partout.

J’ai fouillé les forêts, j’ai sondé les lacs, j’ai passé le sable au tamis, j’ai cardé les nuages, j’ai filtré la mer…

Je l’ai retrouvée.

Elle a bien changé. Je l’ai à peine reconnue.

Elle est grave, elle est sérieuse, elle dit des mots qu’elle ne disait pas avant, elle parle comme un livre.

Je me demande si c’est vraiment elle.

Résumé

Tout ce livre décrit le contraste entre sa fille avant, colorée et joyeuse, et sa fille après son dévouement total à la religion. Ce changement s’est opéré après qu’elle a rencontré un homme, nommé « Monseigneur » et qui a des « oreilles pointues de Belzébuth ».

On y perçoit tout l’amour qu’il lui porte, mais aussi toute la tristesse qui l’accable depuis qu’elle n’est plus la fille qu’il a connue.

J’ai particulièrement aimé ce passage, qui m’a émue aux larmes alors que j’étais dans le métro :

Etre heureux ne devrait être conjugué qu’à la première personne du singulier et par le principal intéressé. Il n’y a que lui qui sait s’il est heureux ou pas.

Conclure que quelqu’un est heureux est toujours très risqué. On peut avoir tout pour être heureux sauf le bonheur.

{…}

Je connais des gens heureux qui ont l’air triste et des gens malheureux qui plaisantent toujours.

S’ils plaisantent, c’est peut-être pour être moins malheureux.

L’humour est un antalgique, on l’utilise quand on a mal.

Je ne vais pas vous en dévoiler davantage car je vous invite vivement à lire ce livre que vous n’oublierez pas malgré sa brièveté. Il est poignant.

Je vous laisse avec le début du droit de réponse de sa fille, une conclusion sous forme d’uppercut :

Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un père qui offre sa propre fille au monde entier après l’avoir défigurée. En tant que « chef d’oeuvre » cubiste de Jean-Louis Fournier, j’aurais préféré que ce dernier le garde accroché dans sa maison. Il avait promis. Par générosité, il a voulu en faire profiter tout un chacun.

Voir aussi:

Librairie : Patricia Hespel, Au bout du cheminLibrairie : Jean-Claude Mourlevat, Mes amis devenusMes idées de cadeaux de Noël

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