Samuel est un orphelin de douze ans à l’allure sauvage. Il est placé depuis quelques semaines dans le Morvan chez Marie, Clement et leurs deux garçons. Samuel s’émancipe, découvre les sensations et les troubles de son âge, mais très vite il doit aussi faire face aux secrets de cètte nouvelle famille. Jusqu’au ce que, un jour, tout en vienne à se transfigurer.
Le réalisateur David Depesseville se confie sur son film et son origine :
L’Astrakan est cette laine noire qui provient d’agneaux tués dans le ventre de leur mère juste avant la naissance. On ne faisait autrefois des manteaux, des manchons… Aujourd’hui c’est heureusement interdit. Je cherchais le nom d’une matière pour titre. J’aimais ce mot depuis longtemps, avec son côté désuet et un peu triste. J’y associe tout un imaginaire : La sensation de son toucher, l’agneau donc l’enfant sacrifié, ses échos religieux avec l’agnus dei… Pour moi, Astrakan porte l’idee du conte, du canard boiteux ou du mouton à cinq pattes, en tout cas du membre de la famille qui reste à part. Et puis j’aime l’idee que ce pourrait être le nom d’un pays qui n’existe pas.
Le réalisateur se place à la hauteur d’enfant, pour nous faire vivre une histoire tragique, à travers les yeux de Samuel. Il est placé dans une famille qui n’est pas le sien et le sera jamais !
La violence du mot placé est insupportable, à l’image des difficultés rencontrées par Samuel à se faire aimer, par ceux qui voient en lui une source de revenus supplémentaire et rien de plus.
Avec subtilité le film nous laisse supposer un malaise, sans en dire plus. Quelque chose ne va pas, un danger rôde, il est très proche, et existe réellement, personne dans son entourage n’aborde le sujet, sont-ils au courant ? Un tabou qui reste caché derrière les lourdes portes en bois, aucun bruit, ni cris de douleur ne traverse les murs.
Alors un sentiment de peur s’installe, le spectateur se sent subitement responsable de cet enfant en danger, Samuel cherche en permanence l’amour de son entourage, un besoin vital pour son épanouissement physique et mental. Au retour il ne reçoit que punitions et enguelades.
La performance de Mirko Gianinni dans le rôle de Samuel est remarquable et d’une très grande sincérité, avec à ses côtés le brillant Bastien Bouillon (La Nuit du 12).
Astrakan est un premier long-métrage qui exige concentration et réflexion, pour se mettre dans la peau du réalisateur, une véritable critique d’un système défaillant rempli de failles, le doute plane dans nos esprits de bout en bout, avec des effets de styles qui fonctionnent parfaitement.
Informations Pratiques :
Titre : Astrakan
De : David Depesseville
Avec : Mirko Gianinni, Jehnny Beth, Bastien Bouillon
Genre : Drame
Durée : 1h44
Distributeur : New Story
Date de sortie au cinéma : 8 février 2023
Mitra Etemad
